Ma vie de jello mou Ma vie de jello mou
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J’ai commencé à porter l’anxiété comme de vieilles pantoufles en forme de chien bien avant que les gens et les médias s’intéressent à ce sujet. La peur a toujours fait partie de ma vie de différentes manières, mais c’est le jour où j’ai perdu ce que j’aimais le plus au monde, la danse, que les pantoufles sont restées pognées sur mes pieds.
J’ai toujours été la Ron Weasley du groupe. Celle qui reste moyenne dans tout. Puis, de nouveaux mots comme «talentueuse» et «unique» m’ont été attribués et goûtaient aussi bon que la meilleure slush du monde à 35 °C. À partir de là, la danse est devenue mon rêve ultime.
Jusqu’au jour où j’ai bogué. Où mon corps ne voulait plus danser, où l’univers a obligé 400 lutteurs Sumo à vivre sur ma poitrine en permanence. Ce jour-là, j’ai eu l’impression de tout perdre. J’ai dû recommencer ma vie à zéro, reconstruire mon identité. Le problème, c’est que comprendre qui on est, à 15 ans, c’est encore plus long que de se sortir la toune de La reine des neiges de la tête.
À chaque aller-retour chez le médecin, chaque visite à l’urgence à 2 h du matin, jamais le mot anxiété n’a été nommé. Malgré moi, ma vie est donc devenue un gâteau sec et la seule substance que j’arrivais à étaler dessus, c’était la peur.
J’avais besoin d’aide. Mon corps, raidi par l’angoisse, se transformait en bonhomme Lego et mes pensées, en gommes déshydratées, collées sous les tables des bibliothèques. Et là, j’ai fait une erreur. Celle de prendre mes rêves, tout écrapoutis en mille miettes de chips, et simplement les changer de bol. J’avais un nouveau but : devenir comédienne.
J’ai tout mis là-dedans. Mon cœur, mon temps. Du secondaire 5 à l’université, j’ai fait les auditions des six écoles de jeu du Québec. Les Cégeps m’ont refusée. Puis année après année, les Conservatoires de théâtre, l’École Nationale de théâtre et l’UQAM fermaient les yeux sur ma volonté (trop) débordante de faire ce métier. Pendant ce temps, l’anxiété, toujours pas diagnostiquée, se greffait à ma peau. Les pantoufles sont ainsi devenues un pyjama à pattes impossible à enlever.
Après 24 essais dans les écoles de théâtre, 24 gros NON dégoulinants de honte, je me suis effondrée pour de bon. J’ai fait une dépression majeure. Et là, enfin, j’ai demandé de l’aide. Le plus gros défi dans le fait que je devais démomifier ma tête et mon corps, c’était de retrouver ma confiance, qui s’était ratatinée comme un vieux chien qui sort du bain. Faut imaginer sa peau a l’air de quoi en dessous du poil, t’sais…
Il n’y a malheureusement pas de recette secrète pour s’assurer que notre vie reste aussi moelleuse qu’un bon gâteau fraîchement sorti du four. À part en parler. À tes amis, à un adulte de confiance ou à des professionnels de la santé. De toute façon, un chemin sans embûches, c’est plate. Et je suis certaine que ça sent la barbichette de chèvre. Je n’en ai jamais senti, mais je gage à 98 % que ça pue.
Et maintenant, quelques conseils "anti-stress" pour survivre au confinement: